- Apr 3, 2024
La préparation mentale au padel
- Jean-Michel Pequery (Instinct Padel)
Ancien 180e joueur au classement ATP, 25e Français au tennis, l’actuel 17e au classement de padel de la FFT s’occupe de plusieurs joueurs de padel dont Benjamin Tison, Johan Bergeron, Max Moreau, Benjamin Grué et le jeune Ethan Garry.
Quelle est l’importance de la préparation mentale au padel ?
Elle est essentielle ! Les émotions peuvent dégrader le niveau de jeu ou la capacité physique d’un joueur avec des symptômes typiques du stress comme des difficultés à respirer, la boule au ventre, la tension... Il se demande alors comment améliorer sa tolérance au stress. On n’empêche pas qu’il soit là, on fait en sorte qu’il ne compromette pas la performance.
L’idée est donc d’entamer un match en étant le plus détendu possible...
Et de le rester ! Les points importants sont par exemple des moments de stress très compliqués à gérer pour certains quand pour d’autres, les grands champions généralement, ils permettent de se sublimer. On tente d’ancrer des sensations de confiance, de réaliser une programmation pour que le joueur soit dans le meilleur état possible.
Quelles différences y a-t-il entre le tennis et le padel au niveau de la préparation mentale ?
Ce sont des sports assez similaires, où il faut gagner le dernier point. Ce n’est pas comme au football ou au basket, où c’est le temps qui sonne la fin du match. Dans ces sports-là, on peut parfois se permettre de gérer le chronomètre tandis que dans les sports de raquette, il faut toujours prendre des risques jusqu’à la dernière balle.
« Au padel on gagne plus de points sur les fautes des autres que sur les points gagnants »
Jouer avec un partenaire et non individuellement est-il un avantage ou un inconvénient ?
La communication peut soit sublimer la paire, soit être source de problèmes. Il faut réfléchir en équipe à des stratégies, construire tous les points. Au tennis, la relation n’est pas la même pour les joueurs de double car on peut gagner des points très vite seul, via des aces ou des retours gagnants, chose que l’on ne trouve quasiment pas au padel où on doit tout mettre en place pour sa propre performance, mais aussi gérer tout ce qui concerne la paire. Il peut parfois y avoir des tensions quand un joueur touche peu de balles et qu’il a le sentiment que son partenaire lui fait perdre le match. Il faut également gérer la partie qui concerne le coach puisqu’il est sur la chaise, contrairement au tennis.
Sans parler du « punto de oro »...
C’est un élément qui génère clairement du stress et des tensions. C’est un point crucial, il faut réfléchir à comment le jouer, choisir qui retourne par rapport à de nombreux paramètres. C’est une gestion délicate qui doit s’opérer entre les deux joueurs et le coach et qui, si elle est bien faite, va tirer la paire vers le haut.
Selon vous, des amateurs pourraient-ils profiter de la préparation mentale ?
Je n’ai pas reçu d’appels d’amateurs au padel, mais cela m’est arrivé au tennis. J’ai par exemple travaillé avec des joueurs qui devaient monter à un certain classement pour passer le DE et qui avaient un blocage. Ils jouaient très bien à l’entraînement, mais en match ils n’arrivaient pas à gagner contre des adversaires plus faibles. Cela les empêchait d’atteindre le classement requis et les bloquait professionnellement. Au padel on gagne plus de points sur les fautes des autres que sur les points gagnants, donc c’est intéressant de trouver les clés pour rester dans son match et user ses adversaires. Finalement, chez des amateurs, puisque presque aucun joueur n’a de préparateur mental, celui qui en a un peut avoir un très gros avantage sur les autres !